La Morale de l’histoire

Un jour, une collègue de travail m’a posé cette question : « C’est quoi la morale de ton histoire? »

Elle m’a tuée right there and then.

C’est QUOI la morale de mon manuscrit?

Je ne savais que répondre. Horrifiée, j’ai réalisé que mon roman ne possédait pas de morale. La question m’a torturée, obsédée pendant des heures, puis des jours, puis des semaines, puis des mois. Je n’arrivais pas à croire que je n’avais pas de morale, de thème principal. Quel genre de roman ça pouvait bien être, sans morale, sans thème?

J’ai essayé de me rassurer auprès des blogs de mes auteurs  fétiches, ces gurus de l’écriture qui offrent généreusement leurs conseils. Partout, je lisais la même chose : “ The morale of your novel… make sure your theme is clear and distinct, but not exposed in such a way it becomes too obvious…  what’s your morale?… You MUST have one…  the theme is to your story what a soul is to a body, without it, it’s nothing else than a walking CORPSE…”

Pas besoin de préciser que je suis tombée dans la dépression totale mais…

…je précise que je suis tombée dans la dépression totale.

J’ai enfilé mon chandail Antidote et je me suis bercée dedans en pleurant toutes les larmes de mon âme. Je n’ai pas de morale. Je ne suis pas une écrivaine. Je suis nulle. Je nuis à la survie de l’espèce humaine. Je suis une merde.

Après avoir reniflé ma morve sur les manches réconfortantes de mon Antidote, je me suis redressée et j’ai réfléchi. Beaucoup.

Je me suis remémorée la genèse de Hantise.

J’ai commencé sa rédaction dans le simple but de gagner un pari entre la Dream Team et moi. J’ai perdu le pari (et la moitié de mon compte en banque… hé, 70$, c’est pas rien quand tu n’es qu’une étudiante!) mais j’ai poursuivi la rédaction malgré tout, passionnée par ce que j’écrivais, obnubilée par ces personnages, par l’intrigue, par l’atmosphère. Jamais je n’aurais cru qu’il s’agirait du premier texte que je terminerais. Jamais je n’aurais cru qu’il se transformerait en manuscrit. Jamais je n’aurais cru que ce serait le premier manuscrit ever que j’enverrai à des éditeurs.

C’est vrai que ce n’est pas une histoire entre le Bien et le Mal, où  le Bien Conquiert le Mal.  Ce n’est pas une histoire d’amour où l’Amour Triomphe Toujours. Ce n’est pas une histoire d’amitié où l’Amitié Surmonte Tous les Obstacles.

Et là, ça a cliqué.

Parce que c’était justement ça : c’était une histoire. Cette soif qui m’habitait depuis le début, qui m’a poussée à écrire jusqu’à la fin, c’était le désir de raconter une histoire. J’avais une histoire que je voulais partager, que je voulais sortir de ma tête.

J’ai regardé Hantise sous un œil complètement différent.  Je n’ai pas de morale, mais des morales, des morales différentes que l’on peut retirer selon l’interprétation que l’on fait de sa lecture. Et un thème, j’en avais un, depuis le début, quelle aveugle putain. Le thème principal s’annonçait dès le départ avec le titre. Hantise. Les scènes, les personnages, leurs passés, je les avais tous reliés d’une façon ou d’une autre, au titre.

Je ne souhaitais pas dicter une idée ou un concept ou une thèse. Votre morale, vous la formulez vous-même au terme de votre expérience avec l’intrigue. Chaque fois que je révise Hantise, j’interprète mes personnages sous des angles différents et c’est pour ça que je l’aime tellement, ce petit paquet de pages.

Morale de ce billet :

–          Discuter de morale me donne envie de manger du gâteau au fromage. Salut.

4 thoughts on “La Morale de l’histoire

  1. Du cheesecake ? Faut vraiment que je goute ça !

    Mis à part ça, je suis rassurée de voir que tu as fini par considérer Hantise sous cet angle. Oui y’a des morales. Je t’en rajouterais même une :
    Jusqu’où devons-nous respecter nos devoirs et nos convictions ?

    Vince sauve Robin alors que c’est interdit : mais s’il l’avait laissé mourir la vie n’aurait pas fini par redevenir toute simple ?

    Et les convictions végétariennes de Robin qui s’effritent, c’est pas rien non plus car elle fait un combat entre ce qu’elle respecte depuis toute petite (ce dont elle s’est fait un devoir) et son soudain besoin.

    Moi je trouve qu’Hantise est ponctué de petits détails comme ça, du fait de la multiplicité des personnages et de – comme tu le dis si bien – leurs passés. 😉

    • Tu vois, Elka, je n’avais justement pas pensé à ça: Devoirs et convictions… un nouvel angle à considérer en relisant l’histoire, hummm. D’ailleurs, c’est un thème auquel je pense m’attarder un peu plus dans La Suite.

  2. Personnellement, je trouve que chaque lecteur doit trouver sa propre morale. Pour moi, mes histoires n’en ont pas une parce que la vie n’en a pas non plus. B meurt. Ok. La morale de la mort de quelqu’un ? Je ne vois pas.

    • Ça dépend de la façon que B meurt, je trouve. La vie en général n’a pas de morale mais nos actions, nos comportements et notre pensée, est dictée d’une façon ou d’une autre par un ou plusieurs principes, parfois conscients, parfois non.

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