Les Mantras de l’Écrivain

Écrire est non seulement un talent, mais aussi le fruit d’une combinaison entre la passion et la persévérance. En fait, je crois qu’écrire est beaucoup plus une question de travail et de pratique qu’une question de talent. C’est mon opinion, bien sûr. Certains argumenteront que c’est un art qui n’est pas donné à tout le monde;  pour ma part, je n’adhère pas à cette croyance. Je pense sincèrement que n’importe qui peut écrire, ne suffit que de s’armer de volonté et de patience. Écrire bien ne s’agit pas seulement d’éviter les fautes grammaticales, de syntaxe; de formuler des phrases grandioses ou d’élaborer un texte tellement lyrique que ça frôle le viol du thésaurus.  Non, tout ça, ce ne sont que des techniques que l’on acquiert et travaille au fil des années (oui, oui, années),  quoique je suis assez réticente sur le viol du thésaurus (un sujet que j’aborderai un autre jour… peut-être… peut-être pas… je m’en fous un peu pour l’instant). Les fautes de grammaire, de syntaxe, de vocabulaire, tout le monde en fait, même le plus aguerri des écrivains. Écrire c’est raconter une histoire. C’est comment le mettre sur papier  qui délimite le talent de l’un et de l’autre et encore une fois, je ne le répéterai jamais assez, c’est un talent accessible et qui se pratique.

Illustrons ce que je viens de proposer avec les sportifs. Un athlète professionnel commence typiquement sa carrière très jeune, il part au même niveau  que tout le monde, c’est-à-dire qu’il est franchement mauvais. Mais à force de s’entraîner et s’entraîner et s’entraîner,  cet athlète développe son expertise. Même chose pour les artistes, les chanteurs, les joueurs d’échec, les politiciens, les chirurgiens, les acteurs.

Même chose pour les écrivains.

Pour devenir écrivain donc, il faut pratiquer. Pour pratiquer, il faut se munir des outils essentiels à l’écrivain, c’est-à-dire les trois mantras dont je vous ferai part sous peu. Ces mantras sont, à mes yeux, les musts de tous ceux qui se prétendent écrivains.  Répétez après moi :

–          Lis comme tu respires

–          Écris ce que tu lis

–          Discipline-toi!

Eille, je suis sérieuse, répétez-les pour vrai.

Lis Comme Tu Respires

Pour tous les novices qui souhaitent rédiger leur premier roman, une question cruciale s’impose : à quand remonte leur dernière lecture? Si la réponse est  «il y a un mois… » HIIIIIIIN, mauvaise réponse. Pire que ça, mon petit, repose ton crayon et court jusqu’à la bibliothèque ou la librairie la plus proche. Le premier mantra, celui que respecte tout écrivain digne de ce nom, est bien simple : LIS.

Un écrivain qui ne lit pas c’est… je ne sais pas, un hypocrite? Un imposteur? C’est un médecin qui n’est jamais passé à l’école médicale. C’est un gymnaste qui ne s’étire jamais avant son entraînement. C’est un pasteur qui n’a jamais touché une Bible. C’est un psychiatre qui n’a jamais consulté son DSM-IV.  C’est un cinéaste qui n’est jamais allé au cinéma. C’est…

…vous voyez où je veux en venir?

Le travail de tout auteur débute par la lecture. C’est une logique qui ne mériterait même pas d’être mentionnée, penserez-vous bien, mais vous serez étonnés par le nombre d’amateurs qui se croit prochains Pulitzer et qui ne daignent même pas ouvrir un roman.

Pourquoi lire?

La lecture nourrit notre esprit, enrichit notre imagination, nous instille des idées formidables mais surtout, nous éduque. Peu importe le type de lecture, romans de fiction ou non, biographies, journaux, etc…

La lecture n’est pas seulement l’éducation de l’écrivain, elle constitue également son répertoire d’inspiration. C’est dans la littérature que je picore mes idées, c’est dans les romans que je me plonge lorsque je me retrouve dans une impasse en pleine rédaction (oh d’ailleurs, the writer’s block? N’existe pas. Je vous en reparlerai dans un autre billet)

Exercice :

Hé oui, je vous propose un petit atelier.

Emparez-vous d’un livre que vous avez a-do-ré et que vous n’avez pas lu depuis longtemps. Relisez-le avec un œil objectif. Surlignez les passages qui vous ont fait rire, pleurer, frissonner, prenez note de tous ces moments qui vous ont arraché un « Wow! Malade! ».  Notez ces techniques que l’auteur a utilisées afin de vous accrocher au livre : les tournures de phrases, la complexité des obstacles, le développement des personnages, l’enchaînement des péripéties, le style d’écriture, la fin… paragraphe par paragraphe, étudiez le style de l’auteur. Qu’est-ce que vous avez aimé, qu’est-ce que vous avez détesté, qu’est-ce que vous auriez fait différemment…

Je ne vous demande pas de rédiger toutes ces observations sur papier par la suite. Imprimez-le dans votre mémoire. Comparez avec d’autres livres que vous avez a-do-ré.  Relisez ces livres avec le même œil objectif. Quand vous vous procurerez un autre roman, lisez-le avec plaisir mais du coin de votre esprit, notez tous ces détails qui vous impressionnent.

Même chose pour les mauvais romans.

Euh oui, de la mauvaise littérature ça existe. Oui, c’est subjectif, mais il y a toujours un de ces romans qui vous font grincer des dents. Piètre histoire, personnages unidimensionnels et prévisibles, fin médiocre, style à chier… LISEZ- LES. Notez les faiblesses. Les points forts s’ils existent. Notez mentalement ces pièges à éviter. Ce sentiment de dégoût que vous avez ressenti en refermant le livre? Qu’est-ce qui l’a provoqué? Hé ben, promettez-vous de ne pas répéter la même erreur.

Morale de l’histoire : un écrivain est d’abord et avant tout un lecteur. Point final.  La personne qui s’oppose à ça, je lui jette la première pierre.

Prochainement : Mantra numéro dos : Écris Ce Que Tu Lis

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